Ces injonctions de notre enfance

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Les injonctions (ou messages inhibiteurs) sont les messages les plus importants dans la littérature de l’Analyse Transactionnelle.

Ce sont des messages négatifs, traduisant d’interdits et de tabous, qui sont transmis très tôt dans l’enfance, et souvent inconsciemment.
Ils sont l’inverse des permissions qui nous permettent des autorisations.

Inconsciemment car nous pouvons à ce moment-là interpréter un comportement ou un message parental comme une injonction alors que ce n’est pas leur intention (mais ne dit-on pas que l’enfer est pavé de bonnes intentions 😅).

Bob & Mary GOULDING ont, vers la fin des années 60, identifié 12 thèmes fondamentaux (d’autres ont été ajoutés depuis) qui apparaissent de façon récurrente comme étant à l’origine des décisions prises dans l’enfance.

Je vous en présente 18 dans cet article.

N’existe pas

Nous retrouvons cette injonction chez les personnes ayant eu le sentiment que l’on ne voulait pas d’elles.
Voici quelques exemples de messages répétés durant l’enfance qui peuvent en être à l’origine :

  • « Tu étais un accident».
  • « Tu n’étais pas prévu mais on est bien content de t’avoir gardé ».

Ne sois pas toi-même

Cette injonction a été détectée à l’origine chez les enfants dont les parents voulaient un enfant d’un autre sexe, et qui ne se sentaient pas pleinement le droit d’être une fille ou un garçon.

Elle s’applique également chez les personnes qui ne parviennent pas à savoir ce qu’elles veulent, qui elles sont, et qui ont l’impression de suivre les désirs d’autrui plutôt que les leurs.

Ne sois pas un enfant

Elle est fréquente chez les ainés.
C’est une prescription de se comporter rapidement comme un adulte responsable afin de prendre soin des plus jeunes, éventuellement des parents eux-mêmes (si immatures).

Elle apparaît aussi dans le cas où les parents laissent l’enfant trop tôt se débrouiller seul sans l’aide appropriée à son âge.

Ne grandis pas

A l’inverse, elle se retrouve souvent chez le petit dernier de la fraterie qui reste un bébé aux yeux de ses parents.
Cela amène à ne pas assumer ses responsabilités d’adulte.

Également, peut apparaître lorsque l’on a été trop protecteur et n’avons pas laissé l’enfant se débrouiller par lui-même.

Ne réussis pas

« Ne réussis pas » est souvent transmis par un parent qui ne veut pas qu’on le dépasse.
Cette injonction empêche celui qui la porte de pleinement réussir ce qu’il entreprend.

Elle provient souvent d’un manque d’attention envers les succès de l’enfant, de jalousie, ou encore de punition sous un motif quelconque de ses réussites qui le rendent fier.

Certaines prédictions d’échec lui sont soumises :

  • « Tu n’y arriveras pas».
  • « C’est trop difficile pour toi».
  • « Ce n’est pas pour nous».

Ne fais pas

Cette injonction empêche l’enfant d’agir pour lui-même, en le sauvant ou en le critiquant :  Ce n’est pas comme cela, laisse-moi faire ».
Va souvent de pair avec l’injonction « Ne grandis pas ».

Le parent s’affole, contrôle et retient l’enfant lorsque ce dernier se lance dans de nouvelles découvertes.
Son sens de l’aventure est bridé.

N’aie pas de valeur

Elle se manifeste lorsque le parent ne veut pas que son enfant « se prenne pour quelqu’un d’autre / ce qu’il n’est pas ».

Il est réprimandé ou ignoré lorsqu’il est fier de ses réalisations.
Est souvent accompagné par l’injonction « Ne réussis pas ».

Ne sois pas important

Proche de « N’aie pas de valeur ».
L’enfant pense ne pas compter pour les autres.

N’aie pas d’attache / Ne fais pas partie / N’appartient pas

Ici le sentiment d’appartenance n’est ni encouragé ni accepté.
L’enfant grandit sans éprouver d’affiliation à un groupe (famille, scolaire, pays…).

En général, les parents eux-mêmes rejettent leur propre groupe social, soit par rébellion (valeurs différentes, religion…), soit par réaction « paranoïaque » (ne se sentent pas considérés ou reconnus par leurs proches).

Ne sois pas intime / Ne te fie à personne / N’aime pas / Ne sois pas proche

Celle-ci se manifeste chez ceux dont les parents n’expriment pas leurs propres ressentis, et donc ne cherchent pas à considérer ou à comprendre ceux que l’enfant suggère.

Ils sont généralement gênés par les tête-à-tête et préfèrent la solitude ou des contacts superficiels.

Le couple parental à tendance à meubler les temps à deux avec la télévision, des discussions superficielles telles que la liste des courses ou encore discutent des potins du voisinage.

Ne te porte pas bien / Ne sois pas en bonne santé / Ne sois pas sain d’esprit

Cette injonction est extrêmement rarement transmise de manière consciente pour des raisons évidentes.

Elle peut se produire dès lors qu’un des parents est spécifiquement (plus que d’habitude) gentil et attentionné avec l’enfant lorsque celui-ci est malade ou en détresse.

Cela lui laisse croire qu’il vaut mieux mal se porter pour recevoir plus d’amour et d’attention.

Ne pense pas

Vous avez probablement déjà observé cette injonction de manière caricaturale, chez un manager abusif ou dans un cadre militaire : « Vous n’être pas ici pour penser ».

Ces personnes ayant également des enfants, elles peuvent reproduire ces schémas comportementaux et ne pas autoriser l’enfant à avoir des pensées autonomes qui lui permettrait de comprendre les situations et de résoudre les problèmes. Un comportement d’obéissance est requis.

A l’âge adulte, cette injonction peut être observée par des erreurs irréfléchies et des réflexions récurrentes de l’ordre de « Désolé, je n’y avais pas pensé ».

Il est interdit de lire cette inscription

Ne ressens pas (ce que tu ressens)

Celle-ci peut être globale (inhibition des émotions) ou portée sur des aspects ou des situations spécifiques.

Les personnes porteuses de cette injonction ont tendance à ne pas prêter attention à leurs ressentis corporels (tristesse, peur, joie…).

Les parents ici demandent à l’enfant de ne pas manifester ses émotions et de les garder pour la maison.
« Qu’en penseraient les gens si tu te mettais en colère en faisant les courses ».

Mal à l’aise avec leurs émotions, elles répriment celles de l’enfant car ils ne se sentent pas capable de les gérer.

Ne sache pas

Elle se rapporte au fait d’autoriser ou non de voir les choses par soi-même et d’en comprendre seul la signification.

Elle se retrouve souvent dans des familles ou règne un secret ou un tabou important, pour lequel l’enfant n’est pas censé savoir ce qu’il s’est passé.

Cela revient à minimiser la signification du stimulus de l’enfant, voire à ignorer son existence.

N’aie pas de besoins

Souvent en synergie avec « Ne sois pas un enfant ».

Ici l’interdit porte sur le domaine des besoins propres à l’enfant qui ne doivent pas être exprimés car vécus comme trop difficiles à gérer pour le parent.

Ne dérange pas

Certains parents ont peur de causer du dérangement à autrui.
Cela se traduit par certaines remarques de l’ordre de « N’embête pas X » ou encore « Ne fait pas ton intéressant ».

Souvent, le parent est déprimé ou ne supporte pas que l’on fasse appel à lui.

Peut engendrer des comportements assimilés à de la timidité.

Cette injonction va souvent de pair avec « N’aie pas de besoins ».

N’aie pas de plaisir

« N’aie pas de plaisir » peu démarrer avec le bébé au sein, lorsque la mère perçoit cet acte comme lui causant de la douleur, lui prenant trop de temps, ou étant une obligation dont elle se passerait volontiers.

Le bébé enregistre une sorte d’interdit de jouissance, qui peut se retrouver plus tard dans l’enfance par des expressions comme :

  • « Mange vite et ne traîne pas».
  • « On n’a pas toute la journée».

L’enfant ne peut prendre le temps d’apprécier le moment présent.

Ne fais pas confiance

Pour ce dernier, il surgit lorsque l’enfant ne peut développer sa confiance en ceux qui prennent soin de lui car ces derniers ne se montrent pas fiables, ou bien que leurs réactions sont imprévisibles pour lui (des pleurs accueillis avec tendresse et réconfort, ou avec colère et reproche, selon l’humeur du jour, par exemple).

Elle peut également survenir lorsque le parent apprend à l’enfant à se méfier du monde extérieur ou bien d’un groupe en particulier.

Conclusion

Ouf enfin terminé 😂 !
Bravo pour être resté jusque-là.
Probablement avez-vous repéré quelques injonctions qui vous parlent.

Nous avons tous plusieurs injonctions en nous pour lesquelles nous devrions nous atteler à nous donner les permissions adéquates.
Certaines sont plus présentes que d’autres car leur force dépendent de l’intensité émotionnelle liée à leur création.

Pour satisfaire nos besoins psychologiques en réponse à ces injonctions, nous mettons en place ce que nous appelons des drivers.
Mais cela fera l’objet d’un prochain article 😉.

« Poussé par une irrésistible injonction à être soi, l’individu se rêve de plus en plus maître de sa vie » – Serge CHAUMIER.

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